Vers un sens cosmique des problèmes personnels: l’expansion de la conscience
- Titre
- fr Vers un sens cosmique des problèmes personnels: l’expansion de la conscience
- Date
- November 29, 2003
- Décennie
- Années 2000
- Séquence
- 2
- Ville, État/Pays
- Suresnes, FR
- Lieu
- Fazal Manzil
- Description
- fr Après-midi du premier jour. Ce qu’on voit, d'habitude, comme nos problèmes personnels sont en réalité des signes du plan divin. Ce n’est pas un destin inflexible. Nous pouvons participer dans ce plan lorsque, à travers la méditation, nous arrivons à voir ces problèmes du point de vue cosmique. Alors on peut agir, du libre arbitre, pour développer les qualités que ces problèmes évoquent.
- Sujet(s)
- pratique de méditation
- liberté
- personnalité
- conscience
- religions
- Type d'événement
- Retraite
- Médium
- Audio
- Transcription
- Taille
- 1:34:56
- Identifiant
- R03F2
- Format
- mp3
- Langue
- fr
- Équipe de numérisation
- Abad
- TajAli Keith
- Hadi Saint-Pierre
- Auteur(s)
- Pir Vilayat Inayat Khan
- Texte complet
-
[0:08] Voyez, du fait de nous être engagés dans la bataille des égaux dans le monde, l'enfant en nous a été contaminé. C'est le Agnus Dei, c'est l'esprit de Dieu qui a été sacrifié. Mais c'est peut-être transfiguré.
[1:20] Et c'est pour ça que Jésus dit, « Hic est enim corpus mei, hic est enim calix sanguinis mea »: Ceci est mon corps, ceci est le calice de mon sang. C'est-à-dire que ce qui était l'animal a été maintenant transmué.
[2:11] Et c'est cela qui vous donnera la vie éternelle.
[2:20] Pour avoir transmué l'animal, enfin l'aspect de nous qui participe à la bataille de ces égaux. Mais évidemment ça veut dire que l'enfant est sans défense. Alors l'enfant est encore là, en nous, il n'a pas été, comment dirais-je … c'est une chose assez curieuse, n'est-ce pas, qu'en fait, par exemple, la voix de Caruso peut être retrouvée dans sa déformation. Donc, l'enfant en nous est présent dans sa déformation, dans sa pollution, est encore là. Mais il est vrai que lorsque l'on éveille l'enfant en soi, alors on est sans défense.
[3:47] C'est pour ça que Jésus dit à Pilate, « C'est vous qui le dites. » On est sans défense, il ne s'est pas défendu. On est très précaire, comme un enfant.
[4:21] Et c'est parce que l'influence du niveau céleste est encore présente chez l'enfant. Et puis elle se perd, malheureusement elle se perd. Alors, si vous voulez avoir une indication de ce qu'on peut dire par le plan céleste, regardez, dans les yeux d'un bébé–pas tous les bébés d'ailleurs. La lumière des yeux vous donne un sens de déjà-vu. C'est l'état céleste qui n'a pas encore été entamé par l'ombre du monde physique.
[6:34] Donc, ce que je veux dire, c'est que vous restez un ange en plein milieu des gens qui se comportent d'une façon horrible. Et vous ne vous laissez pas permettre à votre conscience de s'effondrer, de retomber dans leur mentalité.
[7:19] Non seulement vous êtes parmi eux, mais vous êtes même engagés avec eux. Mais c'est votre liberté vis-à-vis du ressentiment qui vous protège, contre le danger de dégringoler de leur façon de voir et de se comporter.
[8:25] Évidemment, la différence entre l'innocence et la maturité, la sagesse, c'est que l'enfant ne se rend pas compte qu'on est en train d'essayer de le tromper. Alors la sagesse vient pour vous protéger, pour protéger l'enfant en vous, contre cette ignorance.
[9:04] Donc, si vous pouvez, associez l'innocence d'un enfant avec la sagesse d'un sage. [Longue pause]
[11:00] Maintenant, nous allons terminer, écouter le chant grégorien, c'est-à-dire, la pureté de la musique du chant grégorien, qui n'est pas de ce monde. Gregorian Chant Luxembourg, en Kyrie Eleison. Kyrie Eleison.
[11:50 - 12:15] Musique – Kyrie Eleison.
[12:16] Le début du poème, Victoria's Requiem.
Gabrielli et puis après ça continue. Je ne sais pas pourquoi ça s'est arrêté, Voilà. Réveillez-vous. Réveillez-vous [rire]. Il faut secouer son mental, sa psyché, pour ne pas s'endormir dans le samadhi. On est à moitié mort. En état d'hibernation, on pense qu'on a le samadhi, en fait, on est dans l'état d'un ours dans l'hiver, qui n'y comprend rien [rire]. Alors, la méditation, c'est de comprendre et d'être transformé par cette compréhension. On appelle ça la réalisation, l'éveil.
[13:33] Alors, je crois qu'au départ, il faut acquiescer que l'interprétation qu'on se fait de ses problèmes, de la vie en général, est faussée d'avance. Elle est faussée parce qu'elle est appréhendée du point de mire de la conscience personnelle. Alors, tout est là dans la méditation, particulièrement dans le bouddhisme et dans le soufisme. Il s'agit d'étendre sa conscience au-delà des limitations de son point de mire personnel. Alors, on pourrait se poser la question ... Oui, attendez. Il faut que je dise autre chose.
[14:51] N’est-ce pas, ça serait peut-être simplifier les choses à outrance, de penser, qu'en fait, l'idée qu'on se fait du monde est maya, est illusoire–parce que c'est vu du point de vue personnel, c'est ce que je viens de dire. Alors on croit que c'est ça, en effet, le yoga, c'est ça, c'est se rendre compte que l’idée qu’on se fait du monde est maya, est illusoire. Si vous étudiez le yoga, vous allez voir que les techniques de Patanjali renversent le maya; on arrive à dépister où le maya s'introduit dans notre façon de penser, et l'inverser. Mais c'est assez compliqué. D’ailleurs, nous allons suivre les étapes du yoga, demain.
[16:20] Alors, intervient le soufisme. Alors, que dit le soufisme? Le soufisme dit, basé sur une sourate du Coran–c'est Dieu qui parle– « Je me fais connaître à travers des signes– c'est-à-dire ayat, des signes–dans le monde physique et dans votre psyché. » Donc, ce n'est pas tout à fait le maya, puisqu'il y a quand même des signes. Alors, on ne connaît pas la réalité, mais on connaît … mais on a accès à cette réalité à travers des signes. Par exemple, on n'a pas vu l'ours dans la neige, mais on a vu les pas de l'ours, n'est-ce pas ? Ce sont les signes. Alors, pensez à vos problèmes.
[17:24] Et il faut avouer qu'au départ on n'y comprend absolument rien. On pense, on essaye d'y voir clair, mais c'est tellement incongru que, vraiment ... Pourquoi le bon Dieu fait-il ça et ça, et on a de la rancune contre Dieu et le destin, on ne comprend absolument rien à ces questions. Et aimerait savoir ce qui se passe.
[18:06] Alors, ce que le soufi dit, c'est que ces problèmes sont pour mettre sur la piste.
[18:23] D'abord, il faut voir que on voit ces problèmes selon la modulation de sa conscience. Donc, voyons d'abord ce qui se passe avec la conscience. Vous pouvez étendre votre conscience exactement comme, par exemple, avec votre regard. Vous pouvez lire les lettres d'une page dans un livre, ou alors vous pouvez ouvrir les yeux et regarder un vaste horizon. Alors, on peut faire la même chose avec la conscience, n’est-ce pas. Est-ce que vous pouvez faire ça?
[19:37] Les soufis appellent ça « Basit. Ya Basit », « étendre la conscience ». Alors ce que Pir-O-Murshid dit, c'est la conscience d'une personne peut-être aussi restreinte qu'un point, et celle d'une autre personne peut-être aussi vaste que l'horizon, qui s'étend de plus en plus, enfin que le cosmos.
[20:21] Maintenant, il y a l'inverse, c'est que la conscience de l'univers – comment dirais-je – embrasse votre conscience personnelle. Incorpore votre conscience personnelle dans son immensité. Alors, le soufi appelle ça Wasi [?]. Il y a l'expansion de la conscience à partir d'une conscience individuelle, et puis il y a l'inverse, et peut-être pour illustrer ça, il faut penser aux paroles… il faut citer Saint François d'Assise qui a dit « Je pensais que je regardais le monde, en fait c'est le monde qui me regarde ».
[21:41] Est-ce que vous pouvez faire ça? Penser que votre conscience personnelle est la focalisation de la conscience du cosmos ? Et en fait, vous pouvez faire de sorte que c'est elle qui prend la relève sur votre conscience personnelle, eu égard au problème, Alors, considérez un problème, considérez comment il apparaît du point de vue de mire de votre conscience personnelle.
[22:45] Alors, étendez votre conscience, et si vous étendez votre conscience, vous allez voir que ce problème implique beaucoup de personnes, en fait une infinité de personnes. Donc vous n'êtes pas enfermé dans votre perspective, mais vous voyez de quelle façon ce problème implique d'autres personnes qui sont engagées dans ce problème.
[24:01] Évidemment, si vous ne voyez le problème que du point de vue personnel, vous allez agir d'une façon qui va sans doute nuire à d'autres personnes. Vous allez donc créer de la souffrance.
[24:29] On est continuellement en train de créer de la souffrance par manque de clarté, de perspicacité, donc ça c'est la première démarche: votre conscience peut s'insérer dans la conscience d'une autre personne. Donc considérez votre problème, le même problème qui vous engage vis-à-vis d'une autre personne. Alors essayez maintenant de virer votre conscience dans la conscience de cette personne, et vous rendre compte comment cette personne pense, comment elle se sent, et comment ce problème lui apparaît de son point de mire.
[26:31] Et je crois qu'il ne faut pas assumer que l'on a raison et que le point de vue de l'autre personne a tort, ou même d’assumer que le point de vue de l'autre personne a raison et son point de vue de soi-même est faux.
[27:05] Ces points de vue sont complémentaires.
[27:45] Alors, à l'échelle sociale, globale, si je puis dire, c'est là le grand hic, c'est là la grande question autour de laquelle toute la politique tourne. C'est ce qu'on appelle « conflict resolution », résolution des conflits. C'est une théorie moderne de la psychologie, conflict resolution, la résolution de conflits, c'est-à-dire qu'on est en train d'écouter les doléances de la partie adverse, et de voir de quelle façon on peut accommoder les besoins de cette partie, au lieu de l'éliminer totalement, l'enrayer totalement. C'est ça la cause de la guerre.
[29:15] Donc la même chose qui se passe au niveau personnel, ça passe au niveau global, et la même chose qui se passe au niveau global, se passe au niveau personnel.
[29:44] Et il est possible que, évidemment, le besoin de l'autre et de l'un est au prix de l'autre. Alors il faut trouver une moyenne. Il faut trouver un équilibre d'intérêts. Il faut honorer l'autre comme vous espérez qu'il vous honorera.
[30:48] C'est la raison du divorce c'est parce que, une partie n'a pas écouté l'autre partie ou n'en a pas tenu compte. Parce que une personne peut vous gêner dans votre évolution. Elle peut vous entraver par sa volonté, par le fait qu'elle limite votre liberté. Donc, trouver moyen d'avoir une prise, comme l'a dit (je ne sais plus qui maintenant). Entre… Les grands arbres ne poussent pas à l'ombre l'un de l'autre. [?Faut être précis].
[32:15] Le secret d'une relation humaine, c'est le respect de la liberté de l'autre personne, ne pas l'entraver. Donc voyez, tout ça c'est l'attitude du sannyasin, c'est-à-dire de l'ermite, n'est-ce pas ? On appelle ça le détachement. Non, ce n'est pas le détachement, c'est le respect de la liberté. On peut aimer et libérer en même temps.
[33:18] Maintenant, essayez de voir ce qui se passe si votre conscience, si au lieu de s'élargir, on faisait l’inverse, dont on a parlé tout à l'heure, c'est-à-dire que c'est la conscience de l'univers qui prend la relève sur votre conscience personnelle.
[33:49] Alors, maintenant, vous allez voir votre problème, vos problèmes, dans leur contexte plutôt que leur contenu. C'est-à-dire que, au lieu de considérer que c'est votre problème, vous êtes en train de participer au drame de l'univers, au drame du cosmos. Ce n'est pas votre problème, mais votre participation à un problème qui est cosmique. Par exemple, et en particulier, celui de la souffrance.
[35:06] De quelle manière la souffrance peut agir comme un catalyseur pour arriver à la joie ? Parce que la souffrance est toujours reliée à la notion de sa personne. Je souffre parce que, etc. Je souffre dans mon corps, je souffre dans ma psyché, parce que quelqu'un m'a offensé, etc. Et ça, c'est toujours lié à l'ego.
[35:50] Vous savez que ma sœur a été torturée dans des conditions absolument terrifiantes dans un camp de concentration à Dachau. Et il y a quelques années, j'ai rencontré dans les Pyrénées, une dame qui connaissait ma soeur qui m'a dit vous savez quand la souffrance est trop grande on fait un dédoublement astral de son corps astral et on ne souffre plus.
[36:34] Et d'ailleurs on pense, cet imbécile pense qu'il est en train de faire du mal, je ne le sens pas, il ne peut pas me toucher. Et même s'il me tuait, je continuerais à vivre, comme j'ai dit tout à l'heure, on vit après la destruction du corps, la désintégration du corps.
[37:08] Et alors, il dit: la joie de pouvoir se libérer de la souffrance est incroyable. Il faut avoir vécu cela pour savoir ce que cela signifie. Vous voyez donc la souffrance qui mène à la joie et peut-être même la condition pour pouvoir vraiment éprouver de la joie est d'être passé par la souffrance.
[37:55] Et d'ailleurs on peut éprouver les deux en même temps, par exemple, comme quand il pleut et il y a du soleil, il y a un arc-en-ciel. Les deux en même temps. Mais ce que auquel je veux aboutir, c'est qu'au lieu d'éliminer, de rejeter le point de mire personnel, il faut extrapoler entre le point de vue personnel et le point de vue transpersonnel.
[38:56] Alors que dans les traditions indiennes, on rejette le point de vue personnel, dans le soufisme on lui attribue une valeur – pourvu qu'il soit contrebalancé avec le point de vue antipodal, c'est-à-dire, autre que le point de vue personnel. Alors, tout le soufisme est là.
[39:45] Alors, pour comprendre le soufisme, d'abord il faut savoir qu'il y a eu l'impact de l'islam et surtout de la formule « la ilaha illa’la hu » c'était « tout est Un ». Alors, donc, vous voyez, ça fait toute la différence parce qu'à partir de ce moment-là, on ne pense plus Dieu là-haut et moi ici, créature misérable.
[40:40] On se découvre par le fait de découvrir la manière de Dieu, selon laquelle Dieu se découvre en soi. Je dis ça encore une fois : On se découvre du fait de voir les choses du point de vue antipodal, c'est-à-dire du point de vue divin, selon lequel Dieu se découvre, selon la manière dont on le découvre en soi. Je ne sais pas si vous avez vu ça. C'est très subtil. Voulez-vous que je le dise encore une fois ? [rire]
[41:53] On se découvre, c'est-à-dire on se connaît soi-même, son identité, dans la méditation, évidemment, par le fait de découvrir la manière dont Dieu se découvre, dans notre découverte de lui qui se manifeste en nous.
[42:41] Vous voyez, la relation, la polarité, et tout le soufisme est là, c'est le point crucial, pivotal du soufisme. Alors, on va réfléchir, on va méditer sur une parole d'Ibn Arabi qui m'a secoué profondément. C'est Dieu qui parle et dit, « J'ai créé la perfection afin de devenir en toi l'objet de ma conscience. Voilà, j'ai créé la perception afin que je devienne en toi la conscience de moi-même. » Au lieu de voir Dieu du point de vue de l'homme c'est l'inverse: c'est Dieu qui parle, il dit « J'ai créé la perception, afin de devenir dans ta conscience, le sujet de la connaissance de moi-même. » Vous voyez, le soufisme c'est très subtil, et c'est la raison pour laquelle c'est seulement pour les personnes intelligentes [rire].
[44:52] Alors, je vous fais un compliment. Mais voyez qu'il faut dépasser son point de vue pour passer dans l'inverse, un point de vue antipodal.
[45:13] Donc, comme je dis, votre problème, ce n'est pas votre problème. Vous êtes en train de participer au problème du cosmos. Et il y a des personnes qui participent davantage et d'autres qui participent moins. Et ceux qui se sont dédiés à une cause, ils participent d'une façon dramatique, les héros, des héros politiques, comme ma sœur par exemple, et selon Pir-O-Murshid Inayat Khan, ce sont ceux-là qui vont accéder à la vie éternelle, ou plutôt sa vie éternelle, alors que si on passe son temps à cultiver son petit jardin, on n'arrivera jamais à la résurrection.
[46:30] Dans quelle mesure est-ce que vous participez au problème global? Vous n'avez qu'à regarder autour de vous pour voir les problèmes. Dans quelle mesure est-ce que vous y participez ? Ou est-ce que vous vous en fichez ? Et puis vous faites votre petit pétrin. Vous n'arrivez pas à la vie éternelle. Non, il n'y a pas de mal à cultiver son jardin, naturellement, mais… ce jardin, ça ferait bien d'être mieux cultivé [rire].
[47:41] Alors, voyez, au lieu de vous lamenter parce que les choses vont mal, vous dites, je suis en train de participer dans ma ... même dans mon corps, dans ma psyché, dans tout mon être, au drame du cosmos. Et, comme je dis, c'est ce drame qui est le catalyseur pour déclencher la résurrection, la joie. Et là, elle s'est accélérée.
[49:01] Bon, maintenant je fais une petite pause avec la musique.
[49:08] J'aimerais bien encore écouter ce que j'appelle le No. 6. C'est un chant bulgare qui me dit quelque chose de très spécial, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un rapport avec ce chant tout particulier, que j'ai intitulé Number Six. Et j'ai dit quand j'ai entendu, j'ai dit, non c'est pas No. 6 et c'est parce que j'entends mal, alors j'entends les notes fortes et pas les notes faibles, alors … je deviens de plus en plus sourd, comme Beethoven sauf que j'ai pas le génie de Beethoven, naturellement [rire]. Alors on va l'écouter encore une fois. Si vous le faites un peu plus fort, peut-être, je pourrais l'entendre.
[50:24] Musique.
[53:46] C'est ça, merci. Donc, je dois mes excuses à Jasmine pour avoir dit que ce n'était pas numéro 6. C’est bien numéro 6. Bien. Alors, comment vos problèmes et d'ailleurs votre personne apparaissent-ils-? apparaissent-ils, si vous les considérez du point de vue de la conscience intériorisée. Ce n'est plus la conscience étendue, c'est le contraire. C'est la conscience intériorisée.
[54:41] C'est-à-dire que pour faire ça, il faut plonger dans le vide où on ne voit plus rien, on n'est plus une conscience, et on pense que c'est le vide, mais en fait c'est une plénitude, des possibilités, des potentialités latentes. Et alors, on ne connaît, on ne découvre ces possibilités que quand elles sont actualisées dans sa personne et dans la situation. Alors, donc, il y a des techniques pour pouvoir se tourner intérieurement, et donc, il y a des techniques péremptoires. Par exemple, vous placez les index de vos doigts … vous fermez les yeux, les paupières, vous tournez les yeux vers le haut, et vous présentez vos index sur vos paupières inférieures. Et puis vous mettez le quatrième et cinquième doigt sur les lèvres et vous inspirez, par les deux narines; vous retenez le souffle et vous expirez par les deux narines. Mais quand vous ouvrez les yeux, vous … pardon, non, c’est pas la.
[57:00] Ah oui. Alors, quand vous expirez, vous enlevez vos mains et vous ouvrez les yeux.
[57:10] Donc vous fermez les yeux, inspirez, et maintenant vous mettez vos pouces dans vos oreilles, et trois respirs, seulement trois respirs. [longue pause]
[58:44] Alors, vous êtes dans les coulisses de l'existentiel, où les possibilités sont infinies, les potentialités dans votre être, et les possibilités présentes, latentes dans une situation, et il s'agit de faire le transit. Et pour ce faire, il faut agir. Il faut agir. Et l'exemple c'est, par exemple, un sculpteur, une femme qui est sculpteur, découvre sa statue en la faisant. Il faut faire pour connaître. Au lieu de penser qu'il faut connaître pour faire, il faut faire pour connaître.
[1:00:24] Donc pour devenir ce que vous pourriez devenir, il faut en effet le devenir [rire].
[1:01:07] Et c'est un peu… on pourrait utiliser ça avec un peintre, par exemple, qui a une palette avec toutes ses couleurs, et la question de savoir ce qu'il fait de ses couleurs, ou ce qu'elle fait de ses couleurs. D’un côté il y a des potentialités, mais c'est votre désir d'être ce que vous désirez être qui va déterminer de quelle manière vous allez actualiser les potentialités de votre être.
[1:02:08] Alors, c'est l'occasion, ou jamais, de se représenter comment on pourrait être.
[1:02:38] Rejoignez-vous.
[1:03:14] Comment pourrait-on être ? On pourrait être très alerte, on pourrait être plein de joie, quelle que soit sa souffrance, danser de joie, on pourrait être libre, intérieurement, dans sa pensée, dans son émotion, dans son être. On pourrait être plein d'amour et de compassion. On pourrait exercer de la maîtrise.
[1:04:11] On pourrait trouver la béatitude, la paix au milieu du stress, Alors pensez que toutes ces qualités sont là en vous, latentes, et c'est à vous de décider comment vous voulez être. Et, naturellement, c'est là où l'acte de foi joue un rôle, parce qu'il faut vraiment croire qu'en effet, on a toutes ces qualités en soi, et il faut les réveiller et les actualiser.
[1:05:33] Alors, est-ce que vous pouvez développer toutes ces qualités en même temps, ou est-ce qu'il faut mettre en votre tête telle qualité en particulier, ou telle autre ? C'est à vous de voir. Peut-être deux qualités qui sont difficiles à réconcilier. Par exemple, la véracité avec la compassion. Difficile à réconcilier.
[1:07:31] Ou par exemple, la maîtrise, qui est affirmer sa volonté, ou être passif vis-à-vis de la guidance, d'être ouvert à reconsidérer sa volonté parce qu'on est à l'écoute. C'est l'impression que, il y a une sorte de guidance, qui est en train de susurrer a notre oreille, parce qu’on appelle l'intuition.
[1:09:20] Alors, peut-être vous avez remarqué qu'au cours de votre vie, dans certaines périodes de votre vie, telle qualité était particulièrement importante pour vous, et puis à un autre moment c'était telle autre qualité. Par exemple, c'était le besoin de savoir, de connaître, et puis c'était le besoin d'être de service. Et puis, c'était le besoin de trouver la joie. C'était le besoin de compassion, d'exercer de la compassion, de pardonner.
[1:10:33] Et puis, un besoin de noblesse, de majesté, un besoin de sacré. Vraiment, on passe par différentes phases dans sa vie. Et maintenant, vous pouvez choisir, vous pouvez mettre en votre tête telle qualité, parce que, comme dit Pir-o-Murshid-Inayat Khan: La créativité divine est poursuivie par chacun de nous à notre manière.
[1:12:01] Et ce qui est important, c'est que vous sachiez, que vous soyez persuadés que vous pouvez devenir ce que vous désirez devenir.
[1:15:03] Et même ces qualités se traduisent par une forme, c'est ce qu'on appelle l'imagination, c'est la faculté de configurer une pensée ou une émotion sous une forme. Toute la musique est là, n'est-ce pas ? C'est ça la musique, une pensée qui se manifeste sous une forme musicale, qui permet donc de transmettre cette pensée à d'autres personnes. Donc quand vous travaillez avec telle qualité, par exemple, la maîtrise, représentez-vous le visage derrière votre faciès.
[1:16:17] Par exemple, si vous êtes en train de grimper la montagne il faut beaucoup de maîtrise ou quoi que vous fassiez … faire du ski, du deltaplane, n'importe quoi, ça demande de la maîtrise, Alors, voyez, quelle est l'expression dans votre visage ? Et c'est cela qui vous, comment dire, consolide la qualité.
[1:17:11] Maintenant représentez-vous que vous visitez un camp de concentration et votre cœur est meurtri, et alors, évidemment, la qualité de compassion va survenir de plus en plus, et voyez maintenant l'expression de votre visage.
[1:18:27] Et si vous travaillez avec la joie et la paix, alors d'une part, vous voyez l'expression de votre visage quand vous êtes dans la joie, et celle quand vous êtes dans la paix.
[1:20:11] Maintenant, prochaine étape. Alors, nous avons répandu notre conscience. Nous avons tourné notre conscience intérieurement. Et maintenant, nous allons hisser notre conscience dans sa dimension, dans sa perspective transcendantale. Alors, comment le monde, comment les personnes, comment les problèmes apparaissent-ils quand votre conscience s'est élevée au-delà du point de vue personnel et voit les choses d'un point de vue transcendantal, disons, en vol d'oiseau.
[1:21:24] Alors, la première chose qui vous semble évidente, c'est qu'il y a une disparité entre ce qu'on pense être la réalité et ce qu'est la réalité.
[1:21:47] C'est ça qu'on appelle le maya.
[1:21:52] Et peut-être un exemple de cela, absolument pertinent, se trouve dans la physique, où les gens, qui ne sont pas des physiciens, demandent au physicien: Dites-moi qu'est-ce que c'est qu'un atome, qu'est-ce que c'est qu'une molécule, etc? Alors le physicien est en train d'essayer de décrire un atome en construisant une image familière pour le non-physicien. Par exemple, il dit, ou elle dit: Un atome, c'est comme, par exemple, vous imaginez la salle Pleyel, et il y aurait une petite, disons, une pomme au milieu, ce serait le proton et puis vous aurez des petites cerises qui sont en train de se promener le long des parois, ce sont les électrons, les photons.
[1:23:25] Mais ce n'est pas du tout ça. On essaie de se représenter la réalité selon les normes, dans le cadre du temps, de l'espace, de la logique, etc. Et c'est évident, ça ne colle pas.
[1:23:57] Par exemple, on ne peut jamais savoir où se trouve un électron. On ne peut pas savoir où se trouve l'électron et quelle est sa vitesse. Enfin, il y a des problèmes qui s’appellent insolites, lorsqu’un électron est une particule, ou est-ce que c'est un champ? Enfin, il y a toutes sortes de problèmes paradoxals pour les physiciens, et qui n'entrent pas du tout dans notre façon visuelle de penser. Alors, il en va de même de vos problèmes. Ils ne sont pas du tout, on a déjà dit ça, ils ne sont pas ce qu'on pense.
[1:25:04] Mais si vous arrivez à hisser, remonter votre conscience au niveau transcendant, alors vous avez découvert la réalité. Et ce sont les dernières paroles de Pir-o-Murshid Inayat Khan, avant sa mort, quand la réalité du monde, la réalité apparaît, la non-réalité du monde s'estompe, se perd. Et c'est ça l'éveil. C'est l'éveil dans la vie. Mais alors pour pouvoir faire ça, il faut remonter tous les niveaux de son être. Tous les niveaux.
[1:26:34] [en aparté, conversation avec quelqu’un]: Non l'inverse, pour que vous puissiez voir, voilà c'est ça alors, évidemment ce sont des … c'est des charabiades, des paroles arabes, qu'est-ce que ça veut dire].
Voilà nous allons passer en revue ces niveaux mais ce que je dis c'est que, pour arriver à voir les choses du point de vue transcendant, il faut que nous puissions virer notre sens d'identité. Alors, donc, il faut passer en revue tous les niveaux de notre être. Alors, pour commencer, Nasut, beaucoup de personnes sont persuadées qu'ils sont son corps.
[1:28:00] Et, évidemment, parmi ceux-là, il y a des idéalistes, par exemple, des gens qui vont à la messe, non pas pour le sacré, mais parce qu'ils trouvent que la cathédrale est très belle, et la musique est belle, et les costumes des prêtres sont très beaux, etc. Donc, point de vue purement physique. Alors, pour les Tibétains, pour chaque identité, à niveau d'identité, il y a une manière de penser. Par exemple, si vous identifiez votre corps, vous pensez selon ce que les Tibétains appellent la pensée grossière.
[1:29:12] Et c'est celle qui voit les choses comme les scientifiques d'il y a quelques siècles – non, c'était le siècle dernier – la causalité. Alors, si vous vous identifiez avec votre corps subtil, alors les Tibétains appellent ça – c'est ça c'est le corps subtil – alors votre pensée est subtile c'est à dire que ...
[1:30:17] Par exemple, il vous est possible de réconcilier les irréconciliables. Vous avez dépassé l'entendement commun et c’est ce que les physiciens sont appelés à faire.
[1:30:50] C'est-à-dire que vous découvrez une sorte de super logique et d'ailleurs les physiciens en sont bien conscients, Bernard d'Espagnat avait dit: Pour que la science puisse avancer, il faut qu'elle mette en question la logique usuelle. Et la logique usuelle est basée sur cela ou cela, et super logique, cela et cela.
[1:31:42] On est mortel et immortel, alors qu'à la Sorbonne on apprend que l'homme est mortel, et comme Socrate est mortel, c'est ça, alors je suis donc mortel. Alors que maintenant, nous savons que nous sommes mortels et immortels en même temps. Une sorte de supra logique. Et si ça vous intéresse, parce que moi je trouve ça extrêmement intéressant, dans l'intelligence artificielle, la porte a été ouverte par Ouspensky, dans le Tertium Organum – le troisième organum – après celui d'Aristote est « A New Model of the Universe, » un nouveau modèle de l'univers.
[1:32:58] Il dit que notre logique commune limite notre entendement.
[1:33:24] Parce que, si votre logique est basée sur « ou ceci ou cela, » vous êtes dans la perspective d'un monde fragmenté. Alors que si votre logique inclut « et » au lieu de « ou », alors vous avez le point de vue holistique. Dans la mesure où fractionner un cristal, chaque fraction fonctionne comme le cristal. Moins bien. Alors c'est pour ça que – mais pas comme une partie mais comme tout le cristal – c'est pour ça que Newton avait dit, « Je pense comme Dieu pense. Et tout le monde s'est choqué, il aurait dû dire « mais moins bien. » [rire]
[1:34:45] Mais ce qui est extraordinaire là, c'est que … [continué dans la bande #3]
Part of Vers un sens cosmique des problèmes personnels: l’expansion de la conscience