Le but de la vie : la maîtrise et la spiritualité de l’avenir
- Titre
- fr Le but de la vie : la maîtrise et la spiritualité de l’avenir
- Date
- December 7, 2002
- Décennie
- Années 2000
- Séquence
- 1
- Ville, État/Pays
- Suresnes, FR
- Lieu
- Fazal Manzil
- Description
- fr Première session d’un séminaire sur l‘atteinte du but de la vie. L’image de soi-même et de ses problèmes sont centrales. La méditation nous donne l’expérience des dimensions cosmiques, intérieures, et péri-personnelles de notre être. En tournant à l’intérieur sans maîtrise on manque de contrôle (pensées et émotions). Alors, le yoga met l’accent sur maya, et le bouddhisme suggère de mettre des sentinelles aux portes de la perception. Pir Vilayat développe la seconde méthode en profondeur, ajoutant que, selon le Christ, il faut « être dans le monde mais pas du monde ». Il mentionne trois qualités – maîtrise, compassion, authenticité – et se concentre sur la maîtrise et la différence entre la volonté de l’égo et une volonté impersonnelle. Il conclut avec la question de qui est Dieu et la spiritualité de l’avenir.
- Sujet(s)
- Sens de la vie
- conscience
- pratique de méditation
- liberté
- musique
- Type d'événement
- Conférence publique / séminaire
- Médium
- Audio
- Transcription
- Taille
- 1:34:03
- Identifiant
- S02F1
- Format
- mp3
- Langue
- fr
- Équipe de numérisation
- Abad
- TajAli Keith
- Hadi Saint-Pierre
- Auteur(s)
- Pir Vilayat Inayat Khan
- Texte complet
-
[0:05] Musique.
[1:00] Bonjour, good morning, guten tag, buenos dias. Voilà, nous allons profiter de ces quelques instants partagés ensemble pour méditer ensemble. Je vais donc limiter les explications au minimum. Le préambule sera très court. C'est tout simplement ceci: c'est que notre souci le plus intense, c'est de parvenir à accomplir le but de notre vie. Or, ce but est relié d'une façon ou d'une autre à la nature que nous nous faisons des situations, qui est faussée d'avance, c'est maya.
[2:18] Notre opinion sur les problèmes est illusoire. Il faut considérer ça comme acquis. Et deuxièmement, la notion que nous faisons de notre personne – self-image, comme on dit en anglais, l'image qu'on se fait de sa personne – représente une dimension extrêmement restreinte de toute la dimensionnalité de notre être. Donc ce que nous attendons de la méditation c'est de nous aider à voir plus clair dans nos problèmes, à commencer à découvrir, ensuite, à actualiser les dimensions… disons trois dimensions suréminentes. L'une c'est la dimension cosmique de notre être,
[3:33] alors que l'image que nous nous faisons de nous-mêmes représente donc une dimension très restreinte. Alors qu'en fait, notre être est nanti d'une dimension cosmique, mais on peut dire que la raison pour laquelle il nous est difficile de comprendre cela, c'est qu'il y a un recouvrement entre cette dimension cosmique de notre être et la réalité dans sa dimension cosmique. Alors, il y a un recouvrement. Donc, ce n'est pas comme, par exemple, la raison pour laquelle l'idée que nous faisons de notre personne est limitée, c'est parce que le corps est nanti d'une peau. Alors on pense qu'on est enfermé dans cette peau et tout ce qui est extérieur à cette peau n'est pas nous-mêmes. Alors que dès qu'on commence à prendre conscience de son champ magnétique, autour de ses bras, autour de sa tête, etc., alors on se rend compte qu'on n'est pas limité par sa peau. Le champ magnétique dépasse de beaucoup la peau de notre corps. Et puis en particulier l'aura, naturellement.
[5:02] Et puis troisièmement, il faudrait voir de quelle manière nous pouvons fomenter la créativité d'autres personnes, participer à notre créativité, au lieu de penser que tout est ordonné, on avance, etc. Non, il y a notre participation, notre volonté propre qui doit jouer un rôle et alors il faut savoir comment – comment dirai-je – personnaliser la programmation, l'universel, d'une façon qui correspond à notre manière d'être. Alors donc l'important c'est la personne au lieu de l'individu. Au lieu du samadhi, on perd la notion de l'individu … alors notre but c'est l'éveil dans la vie plutôt que l'éveil au-delà de la vie. Voilà. Tout ce que j’ai déjà donné comme explications, parce que maintenant nous allons travailler. Alors, la raison pour laquelle j'ai choisi l'Oratorio de Noël, Jean-Sébastien Bach, c'est parce que Noël approche et que ça apporte une note d'espoir dans un monde en défaillance, dans un monde troublé.
[6:31] Mais alors peut-être ce sont les douleurs de l'enfantement, d'un meilleur monde, Alors il ne faut pas être trop pessimiste, mais il faut quand même un peu être à la qui-vive. Et l'important c'est nous, c'est vous: ce que nous faisons des circonstances. Voilà alors nous allons faire un travail sur nous mêmes: apprendre à méditer. Alors on va faire comme si il y a des personnes ici qui ont beaucoup médité, sont assez avancées dans la méditation. Il y a des personnes qui viennent pour la première fois. Des personnes qui suivent d'autres écoles, ésotériques, etc. Voilà. Alors, on va faire table rase. On va commencer par le commencement, comme si on ne savait pas du tout méditer.
[7:36] Alors, pour commencer – après on fera autre chose – mais pour commencer, on ferme les yeux. Et représentez-vous qu'après une journée surchargée, surstressée, vous voulez quand même trouver un recul, faire un recul. Vous vous trouvez dans un état paisible, intériorisé. Alors le fait de fermer les yeux, ça fait déjà obstacle au contact avec le monde environnant, enfin, l'environnement physique. Mais je veux dire que le monde, l'environnement physique continue à subsister dans notre for intérieur. Alors vous le retrouvez dans votre méditation quand vous vous tournez intérieurement.
[8:57] Or, normalement, les circonstances – parce qu'il y a à faire, tout le temps il y a à faire – les circonstances organisent notre pensée. Et quand on médite, on ne peut plus s'attendre à cette programmation, donc il faut déterminer ses pensées soi-même. On n'en a pas l'habitude. Ça demande de la maîtrise. Et normalement, on n'a pas cette maîtrise. Il faut la développer, évidemment.
[9:45] Alors, maintenant, quand on se tourne intérieurement, pour méditer, c'est vous qui êtes l'objet de votre acte de conscience. Mais la notion que vous faites de vous-même, alors que normalement il faudrait que ce soit vous, mais c'est faussé par le fait qu'on a l'habitude de s'identifier avec l'image qu'on se fait de sa personne. Et puis d'autre part, je pense – mais vous allez vous en apercevoir vous-mêmes – c'est qui, ce qui présente un impact sur votre... Une impression, n'est-ce pas, sur votre pensée, ce sont vos problèmes. Vos problèmes. Les problèmes sont d'une part une représentation au niveau psychologique des relations avec des personnes, des circonstances, etc. Et puis, d'autre part, ces impressions sont chargées émotionnellement par des émotions qui peuvent être très fortes. Ressentiment, colère, frustration, etc.
[11:13] Donc, dès que vous vous tournez intérieurement, voilà ce qui se passe. Tout de suite, à moins que vous ayez développé une grande maîtrise, vous n'allez pas pouvoir contrôler ces pensées qui viennent surgir dans votre psyché. Et de sorte qu'on arrive très vite à la conclusion: je ne peux pas méditer, je ne sais pas méditer, ça ne sert à rien, je suis encore plus perturbé que quand j'ai à faire, alors je regarde la télévision. Bon. Alors comment faire.
[12:16] Et bien, voyez-vous, au départ, on conçoit que les circonstances effectuent un impact sur notre psyché, c'est-à-dire nos qualités, nos défauts, mais on ne constate pas tellement bien qu'en fait notre psyché présente un impact sur le problème. Alors, méthode yoga. Méthode du yoga. C'est une méthode un peu draconienne. On considère que le monde physique est illusoire, et chaque physicien vous dira que le monde physique n'est pas du tout ce qu'on pense. Mais plus encore, nos problèmes ne sont pas ce que nous pensons qu'ils sont, et notre personne n'est pas du tout ce qu'on pense qu'elle est, etc. Alors ça c'est maya. Alors il est vrai que à partir du moment où vous acceptez cette façon de penser, alors les impressions du monde extérieur ont du mal à présenter un impact sur votre psyché parce que vous les considérez comme illusoires.
[14:39] Je vois deux inconvénients dans cette méthode. L'une, c'est que l'on a perdu le contact avec le monde physique. C'est une attitude qui correspond à celle d'un ascète qui a quitté le monde et ça correspond à une dépréciation des valeurs qui sont acquises dans le monde. Donc ce n'est pas la méthode suivie par le soufisme. Le soufisme, ce n'est pas l'ascétisme.
[15:35] Bouddha présente une deuxième étape: on place des sentinelles aux portes de la perception. C'est-à-dire que certaines impressions sont rejetées et d'autres sont absorbées, mais doivent être transmuées pour être digérées par notre psyché.
[16:08] Alors, pour comprendre ce qui se passe, il faut savoir… On pourrait illustrer cela par le système immune du corps physique. Le corps physique rejette les organes transplantés qui n'ont pas le même ADN que le corps lui-même. Donc c'est un sens très clair de son identité, de l'identité du corps, n'est-ce pas ? C'est un sens très aigu que possède le corps de son identité, qui fait que le corps rejette tout ce qui n'est pas de la nature… qui correspond à la nature du corps.
[17:15] Donc, la même chose se passe au niveau de la psyché. La psyché est nantie du même principe que le principe immune, du corps immune, du corps physique. La psyché peut rejeter… vous pouvez donc rejeter les impressions néfastes si vous vous dites: c'est pas moi, ça n'est pas moi, je ne peux rien faire avec ça, je la rejette parce que c'est… non, je ne peux pas. Je n'ai pas la force, la capacité, l'ampleur de pouvoir travailler avec ces impressions.
[18:21] Évidemment, vous allez dire, oui, c'est l'ascète, en effet. Et d'ailleurs, ce qu'on voudrait faire, c'est introduire certains éléments qu'on trouve chez les ascètes, qui représente notre liberté vis-à-vis de l'engagement. Peut-être pouvez-vous vous demander dans quelle mesure vous désirez vous engager dans le monde vis-à-vis des personnes, vis-à-vis des citations, et dans quelle mesure, du fait de vous engager, vous souffrez dans votre liberté ?
[19:17] Non pas seulement liberté dans les circonstances, liberté de manipuler votre vie comme vous le désirez. Vivre votre vie comme vous le désirez parce que vous êtes engagé. Mais ça, c'est évidemment … il y a une liberté plus profonde, plus subtile, c'est celle de la liberté vis-à-vis de sa pensée. On peut être engagé extérieurement par des circonstances et arriver à trouver une liberté dans sa pensée, n'est-ce pas ? C'est-à-dire, dans le bouddhisme, ne pas se laisser conditionner dans sa pensée.
[20:31] Et à mesure que l'on évolue, on a une nostalgie de plus en plus grande de la liberté. Et la contrepartie, évidemment, c'est liberté vis-à-vis de l'émotion, la dépendance. Liberté c'est toujours le contraire de la dépendance, non pas de drogue mais dépendance des circonstances, dépendance des émotions des personnes, dépendance de ses propres émotions. Donc c'est là où j'avoue que l'attitude de l'ascète vous donne à respirer, respirer un petit peu, un peu soulage la contrainte dans le domaine de la pensée. Alors que les circonstances n'ont pas changé, mais son attitude vis-à-vis des circonstances s'en trouve modifiée.
[21:59] Donc, par exemple, si j'écoute les nouvelles à la télévision pour savoir où on a jeté une bombe [il rit] – il faut savoir qu’il y a toute une tactique de faire peur aux gens; c'est la peur plutôt que la bombe, la peur de la bombe – alors si j'écoute du hard rock, je tourne la télévision, je ne sais pas si vous écoutez le hard rock – vous êtes jeunes, beaucoup d'entre vous sont jeunes. Sachez qu'il y a quand même une différence entre rock'n'roll et hard rock, enfin, hard, heavy metal. Alors, des expériences de laboratoire ont démontré que cela endommage le cerveau. Faites attention, vous êtes en train de vous faire du mal.
[23:19] On a perdu le nord. Bien. Alors, il y a des choses qu'on peut rejeter. C'est très difficile parce qu'on est à l'affût de toutes sortes d'impressions néfastes, de crimes, c'est incroyable ce qui se passe, incroyable. Des jeunes filles qui sont violées, qui sont tuées, c'est incroyable ce qu'on fait.
[24:00] Alors évidemment il est difficile de ne pas l'entendre et je suis sûr que la nuit ces impressions vous persistent dans votre mémoire parce que comme je dis quand on se tourne intérieurement on découvre que le monde extérieur continue à vivre intérieurement dans sa psyché.
[24:35] Vraiment, comme je dis, c'est une attitude absolument draconienne. Je suis un initié. Je crois que ce sont les paroles du Christ qui déterminent sa manière de se comporter. Ils sont dans le monde, mais ne sont pas du monde. Ça, c'est le principe. Alors, je ne suis pas du monde. Je suis dans le monde, ce n'est pas du monde. On n'a pas besoin d'être initié pour ça, mais le fait que je suis voué à une orientation sublime, je suis à la recherche du sublime, ce que Pir-o-Murshid dit, c'est une nostalgie de ce qu'on ne peut pas atteindre. C'est ça qui fait les héros. Un héros, c'est quelqu'un qui veut toujours battre à ses records, quel qu'en soit le prix, et n'atteint jamais sa décision, parce que c'est toujours plus loin. L'horizon recule à mesure qu'on avance mais donc ce n'est pas pour posséder l'illumination ou l'éveil, mais une sorte de nostalgie du sublime. Et je crois que c'est ça qui est le facteur le coup de grâce qui vous donne une certaine immunité contre les impressions néfastes. Je crois que peut-être la raison pour laquelle ces impressions ont une certaine portée sur notre psyché, c'est parce qu'en fait,
[26:38] elle corrobore ce qui est en fait en nous. On ne veut pas le reconnaître, mais nous héritons de tout l'univers, le cosmos. Il y a tout dans notre étage. Donc, ce n'est pas seulement dans le monde extérieur, mais il y a une résonance. Donc, il y a une purification qui doit se faire intérieurement, avec beaucoup de force. On pense aux paroles de Christ qui chassent le démon, n'est-ce pas ? Vraiment, sans compromis.
[27:40] Et il est évident que ces impressions sont basées sur l'égoïsme. On voudrait posséder, on voudrait avoir un statut, on voudrait être apprécié, etc. Enfin, il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles... N'est-ce pas, un acte d'égoïsme peut conduire à la violence et à la guerre ça commence là c'est là où ça commence. On pousse l'autre de côté pour prendre sa place, etc. Ça commence avec l'égoïsme.
[28:45] Donc, si vous voulez méditer, je crois qu'il y a des données, des facteurs émotionnels derrière la pensée. On ne peut pas tout simplement contrôler la pensée par la volonté. Je crois qu'il faut se tourner, retourner profondément dans sa motivation et se demander quelles sont les valeurs? C'est ça qui fait votre identité, ce sont vos valeurs. C'est ça qui fait la différence entre les personnes. Votre identité est basée sur les valeurs. Il ne suffit pas d'y croire : pour qu'elles soient vraiment authentiques, il faut qu'elles soient suivies par une action. Qui correspondent. Donc, qu'est-ce que je fais dans ma vie ? Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais dans ma vie ?
[30:15] Est-ce que j'agis en raison des valeurs que j'estime ? Ou est-ce que ces valeurs restent platoniques et j'y crois mais ce n'est pas très…très réaliste, c'est dans le niveau du rêve.
[30:55] Alors on fait une liste de valeurs. Qu'est-ce que j'aime ? J'aime, je peux vous dire les choses que j'ai aimées quand j'étais plus jeune. Beaucoup de choses, naturellement. Je vais faire du deltaplane. Et puis je vais faire la fauconnerie avec les volées des aigles. Et puis il y a beaucoup de choses. Jouer du violoncelle, enfin, beaucoup de choses. Ce sont des valeurs actualisées. C'est une chose qu'on estime. Beaucoup d'autres choses, évidemment. Et alors, à mesure qu'on évolue, les valeurs qui étaient, comme je dis, platoniques, deviennent plus actualisées, et on n'a pas de mal à sacrifier les valeurs à lesquelles on attachait de l'importance. Donc je peux me passer de jouer du violoncelle – c'est impossible maintenant à cause de mes doigts –
[32:25] et abandonner le deltaplane, c’est dommage, mais enfin c'est comme ça; et la fauconnerie, oui, il faut l'abandonner également. Mais alors par contre, l'éveil dans la méditation, dans la vie, alors là, ça c'est péremptoire. Alors chacun est différent. Vous pouvez toujours conserver ces valeurs sublimes, dans l'eau de l'échelle et savoir que à mesure que vous avancez vous allez peut-être le mettre en valeur, Mais ça, c'est votre identité. Alors, il y a des choses qui ne correspondent pas du tout à votre identité. Par exemple, pour moi, le football, c'est zéro, ce n'est pas intéressant. Alors, pour d'autres personnes, c'est tout ce qui est le plus important. Alors, ça dépend.
[33:49] Voilà. Alors donc, nous suivons ce que dit le Bouddha. On place une sentinelle aux portes de la perception, je dirais, aux portes de la psyché, et on rejette ce qui n'est pas moi et ce auquel je ne peux pas avoir à faire parce que je ne pense pas que c'est important pour moi et je n'ai pas la capacité: je laisse le football au footballeur et la boxe aux boxeurs et le hard rock aux hard rockers. J'ai autre chose à faire. J'espère que vous êtes comme ça.
[34:56] Alors, mais nous avons un deuxième système immune, sinon on ne pourrait jamais manger. Donc nous nous enrichissons du fait de l'environnement, non pas seulement physique, mais évidemment la même chose a trait au niveau de la psyché. Si nous ne pouvions pas nous enrichir du fait de notre contact avec l'avenir, on tournerait en rond, on ne progresserait pas. Donc voilà pourquoi il y a un deuxième système immune. Alors l'environnement est absorbé mais digéré. D'abord on rejette les impressions qui sont inutiles, mais ensuite les impressions qui ne correspondent pas à notre psyché, on peut les transmuer.
[36:17] Et en fait notre ADN, évidemment d'une part, comme vous le savez les aliments sont transmis, dans la digestion, de sorte que, finalement, ces éléments deviennent des séquences d'acides (aminoacides, n'est-ce pas en anglais) ? Alors, donc d'une part, oui, on transforme, pour absorber, pour s'enrichir de l'environnement, on absorbe les éléments de l'environnement. Et on les fait se conformer de plus en plus à sa façon de penser.
[37:37] Il faudrait voir ça clairement. Je vous donne un exemple, par exemple, une prélude et fugue de Bach pour Orgue. Et bien, elle m'a marqué, elle m’a développé, elle a fait surgir une qualité en moi qui n'était pas assez forte. Donc c'est la manière dont l'impression du monde extérieur est incorporée dans sa psyché et transforme sa psyché.
[38:40] Donc, comme je dis, d'une part, l'impression peut être transmise, d'autre part, l'ADN de la psyché s'adapte à l'impression. Et ça, c'est certain pour le corps immune, l'ADN du corps est stable, mais pour ce qui concerne le corps immune, il s'adapte à l'environnement. Donc il n'est pas tellement stable. Voilà, alors essayez de voir vous-même maintenant quels sont les éléments dans l'environnement qui ont déclenché des qualités qui n'étaient pas tellement développées avant. Par exemple la maîtrise.
[40:06] La compassion, la vérité, enfin l'authenticité.
[42:01] Vous voyez, on souffre d'une indigestion psychique. Et c'est vraiment ne pas savoir faire, c'est vraiment se tromper, faire... enfin, agir d'une façon qui n'est pas productive. Par exemple, on fait la même chose avec les aliments. On mange des patates frites et des biftecks [il rit], des gâteaux à la crème alors que… Alors, quand on est jeune ça va, mais ensuite, le cholestérol… Alors, on agit mal, n'est-ce pas; alors, au niveau psychique c'est la même chose, on fait des bêtises, on perd son temps. Et je vous assure, quand on a 86 ans qu'on se tire, c’est le temps de corriger ses fautes [rire].
[43:29] Bon, alors, deuxième étape: l'impact de votre personne sur les circonstances. Alors, comme je dis, on a l'habitude d'essayer d'explorer l'impact des circonstances sur sa personne, mais on ne voit pas très bien quel est l'impact de sa personne sur les circonstances, alors qu'elle est encore plus importante. Évidemment, dans beaucoup de cas, on a attiré ces problèmes. Et ensuite, on le regrette. On est emprisonné par son manque de… de bon savoir faire.
[45:05] Évidemment, il est certain qu'il y a des conditions qui nous ont causé de l'affliction et qu'on ne peut pas dire qu'elles étaient causées par notre initiative. Il y a la part des deux. Mais ce que nous voulons faire maintenant, c'est de voir exactement dans quelle mesure… d'abord, nous avons déterminé les circonstances que nous regrettons;
[45:59] mais, deuxièmement, de quelle manière nous sommes en train de créer des circonstances qui nous entravent.
[46:31] Plus précisément, les qualités de notre psyché déterminent une part de nos circonstances.
[47:12] Par exemple, si j'avais davantage de maîtrise, cette situation ne serait pas là. Maintenant qu'elle est là, si je développe ma maîtrise ...
[47:41] Mais ce qu'on appelle les circonstances, évidemment, c'est notre relation avec la matière, mais également, et en particulier, notre relation avec des personnes. C'est ça qu'on appelle les circonstances. Alors il y a une relation là, où il y a un échange entre les qualités de part et d'autre des deux personnes, et ça tend à se stabiliser. Maintenant si vous développez une qualité qui n'était pas tellement développée avant, ça va donc changer votre relation avec la personne.
[48:51] Et ça peut se traduire par les circonstances, mais ça peut prendre du temps, mais les circonstances sont d'abord notre relation avec les personnes, et ensuite il en résulte des circonstances dans le monde physique, dans le monde existentiel.
[49:28] Et en fait la personne devra donc s'adapter à votre personne qui est nouvelle maintenant, qui est changée. Et sachez qu'il y a toujours un certain équilibre – une dichotomie en fait – entre la manière dont nous nous adaptons à l'environnement et la manière où nous faisons de sorte que l'environnement s'adapte à notre personne. Et le plus nous avançons, nous évoluons, le plus on adapte les circonstances à ses personnes.
[50:47] Alors qu'il faut, dans une certaine mesure, s'adapter aux circonstances par égard, par compassion, dans l'actualité de ses actions; mais dans sa pensée on peut se trouver libre de la contrainte dont on souffre du fait de s'adapter aux circonstances.
[51:54] Vous voyez, il y a la différence entre la contrainte existentielle, si je puis dire, et puis la contrainte dans sa façon de penser, et en particulier dans son émotion. Donc on peut être libre intérieurement et ne pas être libre extérieurement.
[52:42] Et toute la vie est basée sur le même principe. Peut-être le meilleur exemple c'est le raga indien, la musique indienne. Il y a certainement une contrainte, des formules, chaque raga a ses dispositions particulières,
[53:13] mais à l'intérieur de cette contrainte le musicien sait trouver des variations, peut-être même infinies. Alors si vous avez… dans la musique moderne parfois on peut… il n'y a pas de contraintes, les possibilités sont infinies. Alors on perd le sens, la congruité, ça n'est plus congruent. Et c'est la même chose avec le langage. Si chaque mot voulait dire toute chose, ça ne pourrait pas convier une pensée. Donc il faut une restriction dans la portée d'un mot. C'est pour ça que dans toute la vie, il y a d'une part contrainte et d'autre part envergure, espace, liberté.
[54:37] Mais alors, donc, dans votre méditation, vous êtes en train de vous représenter votre vie, de voir l'enjeu derrière les situations, de voir l'impact de votre personne, l'impact des circonstances: c'est être très clair là-dessus. Et à partir du moment où vous voyez très clair ce qui est en train de se passer, alors vous pouvez également développer une qualité. Cette qualité est à l'affût, n'est-ce pas, mais elle est limitée par le fait que, d'abord par le fait qu'on s'identifie avec l'image qu'on se fait de sa personne, mais elle est limitée également par les circonstances.
[55:54] Alors si on modifie, si on sait que l'on peut modifier les circonstances du fait de se modifier soi-même, on pourra donc développer ses qualités, elles ne seront plus bloquées. Alors j'ai choisi trois qualités: maîtrise, compassion, authenticité.
[56:35] Bon, alors, maîtrise. Comme je dis au départ, impossible de contrôler ses pensées. Vous avez bien vu que les pensées prennent la relève. Des pensées incohérentes, imprévisibles, aléatoires. Maintenant, en fait, on peut les contrôler. Comment faire?
[57:34] Derrière tout ça, il y a l'émotion naturellement, beaucoup. Derrière la volonté, il y a l'émotion. Et en particulier, l'exemple vivant. Alors quand j'essaye de travailler avec la maîtrise je pense à ce dirigeant d'orchestre japonais extraordinaire, qui a conduit un morceau de musique de Béla Bartók en Hongrie à Budapest. Très compliqué.
[58:28] Par cœur, trois quarts d'heure, il savait exactement quelle note, quel musicien, quel rythme, s'il fallait que ce soit fort, pianissimo, forte, crescendo, décrescendo, il savait tout par cœur, très clair dans son esprit. Ses gestes communiquaient sa pensée, évidemment, mais en fait, l'orchestre, les musiciens de l'orchestre, savaient ce qu'il pensait. Et il savait ce qu'ils pensaient. Il y avait une communication par la pensée, parce que la maîtrise est donc basée sur une très grande perspicacité de la pensée. Il avait travaillé pendant je ne sais pas combien de mois, deux mois, pour se rappeler de chaque note.
[59:43] Et on peut le faire, on peut développer sa mémoire par le fait de le faire. Si on ne le fait pas, on ne le développe pas. Exactement comme si vous travaillez un muscle, vous allez développer le muscle; donc on peut le faire, mais il faut le faire. Et c'est ça la méditation. Il y a beaucoup d'aspects de la méditation, mais un aspect c'est savoir arriver à une grande clarté, congruité dans sa pensée.
[1:00:24] Alors c'est comme... l'esprit, c'est comme un cheval qui, on est en train de le retenir, tenir la laisse, mais le cheval voudrait brouter de l'herbe de côté du chemin, et on ne le permet pas, on le retient. Alors vous faites ça avec vos pensées, vos pensées veulent tergiverser, aller quelque part. Non, vous les ramenez: “Qu'est-ce que... à quoi est-ce que je pensais ? Ah voilà, voilà, bon, alors je reste là.” Alors de nouveau, la pensée commence à divaguer, non, on la retient. Et vous arrivez à une énorme force. Elle vous donne une énorme force. Et cette force va donc modifier votre action dans la vie, votre comportement, le succès de votre travail, votre accomplissement dans la vie.
[1:01:44] Maintenant, nous arrivons, disons, au troisième chapitre, si vous voulez.
[1:02:00] C'est de bien clairement distinguer la différence entre la volonté de l'ego et puis une sorte de volonté impersonnelle, ou plutôt superpersonnelle. Alors, je retransmets [?] un petit peu, ou j'ouvre une parenthèse, si vous voulez. Les dimensions de son identité. Il faut distinguer la dimension cosmique dont j'avais déjà parlé, toute embrassante – on est comme un vortex qui n'a pas de frontières. La dimension interne, qu'on pourrait appeler subliminale.
[1:03:17] Regardez le dictionnaire, subliminale veut dire au-dessous de l'acte de la conscience. En fait, ça ne suffit pas. Subliminal veut dire également toute la richesse dans le domaine du possible qui devient actualisée dans le monde existentiel.
[1:04:07] Quand on se tourne intérieurement, c'est cela qu'on découvre. Alors qu'on découvre, on ne peut plus être le spectateur qui connaît ce qui se passe à ce niveau-là, puisque cela échappe à la conscience, et parce qu'on n'est plus dans la dualité sujet-objet. Donc on ne connaît ce qui est dans le domaine subliminal que lorsque cela passe le seuil entre le subliminal et l'existentiel, ou l'inconscient et le conscient. Alors, on est continuellement re-né, il y a continuellement des qualités qui sont des possibilités et qui deviennent des actualités dans notre psyché. C'est ce qu'on appelle la naissance récurrente, selon les soufis. On est continuellement re-né. Donc c'est une des raisons pour lesquelles on apprend à se tourner intérieurement, pour justement inviter le surgissement des qualités sous-jacentes à notre psyché existentiel.
[1:05:56] Et de ce fait, on les appelle à l'existence. Et puis, troisième dimension, la dimension transpersonnelle. C'est-à-dire que c'est une notion qui a une dimension de notre être qui dépasse tellement notre individualité qu'elle transcende. Elle est de la nature des archétypes dont notre personnalité est l'exemplaire. Alors, au cours de la méditation, vous allez reconnaître ces trois dimensions. La première, cosmique. Dr. [Stanislav] Grof appelle cela péri-individuel… péri-individuel, au lieu de super personnel. Elle est péri, c'est-à-dire, elle entoure, péri entoure notre individualité au lieu d'être transpersonnelle, qui dépasse notre individualité. Bien.
[1:07:56] Nous offrons une … je vous avais annoncé, n'est-ce pas, qu'on voudrait voir la différence, enfin voir, c'est-à-dire vraiment en faire l'expérience, la différence entre une volonté personnelle et une sorte de survolonté, si je puis dire, enfin une volonté suréminente que les soufis appellent la volonté divine. Mais je crois qu'au point où nous en sommes, il faut qu'on soit très clair par ce qu'on veut dire par Dieu. D'abord, l'idée qu'on se fait de Dieu, le concept qu'on se fait de Dieu – ce n'est pas Dieu, c'est le concept que l'on fait, et on est convaincu que ça c'est Dieu. D'autre part, il est nécessaire de commencer par un concept et ensuite de détruire le concept pour arriver à l'expérience. Alors l'expérience, je dirais que, pour être très concret, très précis, le cosmos, c'est-à-dire le monde existentiel, les étoiles, la Terre, les galaxies, les super-galaxies, ça c'est le cosmos.
[1:10:04] Et nous faisons partie du cosmos. Nous faisons partie du cosmos non pas comme un quartier d'orange fait partie de l'orange, mais de la manière holistique, c'est-à-dire que si on divise un cristal, par exemple, un fragment d'un cristal, chaque fragment se comporte comme tout le cristal, mais moins bien; mais il ne se comporte pas comme si c'était une fraction du cristal. Donc nous aussi, en fait, nous fonctionnons comme le cosmos mais moins bien. Alors, ce qu'on appelle Dieu, c'est souvent, on ne sait pas, mais c'est ce qu'on veut dire par le cosmos, dont nous faisons partie. Donc, Dieu n'est pas autre que nous-mêmes, mais on n'est pas Dieu non plus, n'est-ce pas ? C'est pour ça que Pir-o-Murshid, mon père, Hazrat Inayat Khan, dit : nous sommes une condition de Dieu.
[1:11:34] Alors au lieu de penser Dieu … comme une vague est une condition de la mer donc on ne peut pas dire Dieu autre que nous-mêmes. Alors il y a la notion de l'univers, alors disons que l'univers c'est le niveau psychique de Dieu – peut-être on pourrait dire ça – le niveau psychique dont le corps est le cosmos, donc la volonté, l'intelligence, l'émotion derrière le cosmos, programmation. Et puis alors ...
[1:12:26] Dieu nous échappe. On ne peut pas limiter Dieu au cosmos ni à l'univers. Mais il ne faut pas non plus limiter Dieu à ce qui est au-delà de l'univers transcendant. Non, cela inclut tous les niveaux, également le niveau du cosmos.
[1:12:55] En fait, nous limitons Dieu dans notre pensée, nous limitons Dieu par nos concepts. Voilà. Alors donc, au lieu de penser, il y a la volonté de Dieu, et puis il y a ma volonté, il faut voir qu'en fait nous avons accès à un niveau de volonté qui est transpersonnel. Et c'est le grand secret. C'est là le grand secret. Le grand secret.
[1:13:57] D’ailleurs, j’ai réfléchi beaucoup là-dessus parce que, évidemment pour savoir se comporter dans la vie il faut pouvoir exercer de la maîtrise et non pas, par ce fait, renforcer notre ego. Alors, comment faire? Alors, comme je dis, c'est l'objet de ma réflexion en ce moment, beaucoup, beaucoup. Alors je pense à quelques cas concrets.
[1:14:38] Je pense à Abdul Qadir Jilani, c'est un soufi qui est parti dans le désert pendant des années et des années, il s'est éloigné du monde, je ne sais pas comment il a pu survivre dans le désert sans rien du tout, n’est-ce pas.
[1:15:09] Alors il mangeait sans doute des racines de plantes, il y avait des fruits naturellement, mais enfin on ne trouve pas beaucoup dans le désert. Enfin on ne sait pas exactement, mais les conditions étaient très très difficiles: froid, chaud, sans abri etc, Et il a dit: « Quand on est assis là dans la méditation, les animaux commencent à venir s'asseoir à côté de vous. » Maintenant, beaucoup de sannyasins ont dit la même chose, des ermites ont dit la même chose. Les ours viennent, et même les tigres viennent s'asseoir devant vous, autour de vous. Et puis ensuite il dit: « Les djinns, les djinns viennent vous saluer. Et puis – il dit – « à un certain moment les anges viennent vous entourer.
[1:16:21] Et on est emporté dans l'extase. » Il semble bien que c'est plus facile de se trouver en extase dans la solitude que marcher dans le champs-elysées. Donc, trouvez, de temps en temps, tout au moins des conditions qui vous permettent d'être dans la solitude, alors que les gens ont tellement besoin de rapports avec d'autres personnes, etc., mais il faut goûter de la solitude pour se rendre compte de ce que ça peut vous apporter de paix et de béatitude.
[1:17:19] Alors ensuite il revient dans le monde, et les gens sont attirés par lui, et les gens ne savent pas pourquoi ils sont attirés par lui, et en fait c'est parce qu'il est en train de communiquer une très grande maîtrise, un ordre, et puis une dimension sublime. Et c'est exactement ce que les gens cherchent mais ils ne savent pas comment le trouver. Mais ils le voient dans cet homme, alors ils accourent autour de lui. C'est pas le gourou ça, c'est le solitaire qui a trouvé la paix. Alors il y a une autre histoire qui est plus moderne, enfin elle n'est pas moderne mais elle est européenne, enfin non pas, elle est américaine en fait, c'était une colonie de l'Europe d'antan.
[1:18:30] C'est un jeune homme qui est un étudiant d'université, un étudiant de physique d'ailleurs, très intelligent. Son père était professeur d'université en Oregon, peut-être Portland, en Amérique. Et il devenait de plus en plus chétif, il ne voulait plus manger, il perdait des kilos, des kilos et finalement il pesait 45 pounds, ça veut dire 90 [NDR peut-être que c’est l’inverse en fait, 90 kilos serait près de 45 pounds] kilos et les docteurs l'ont abandonné pour lui donner là encore un mois à vivre.
[1:19:25] Tout d'un coup, et puis il était alité, etc. Il ne pouvait plus bouger. Tout d'un coup, il est sorti de son lit, il est parti dans la nature. Il s'est fait un lit avec des feuilles sèches et puis un toit avec des morceaux de bois. Et il a mangé il s'est aperçu, il a observé ce que mangeaient les écureuils. Alors il a suivi les écureuils et puis il a mangé ce qu'ils mangeaient et puis après six mois il pesait.
[1:20:11] 145 pounds, ça veut dire... C'est beaucoup, non ? Non, il pesait 145 kilos.
[1:20:30] Alors voilà, un homme était rayonnant comme le soleil, plein de force. Et alors on s'aperçoit de la mesure dans laquelle, physiquement, tout simplement physiquement, on vit une vie impossible: pollution, à Paris. Alors, il ya des gens qui sont plus sensibles d'autres. Et puis, au niveau intellectuel, alors mental, alors on est en train de remplir sa tête de pensées absolument inutiles et néfastes – pollution mentale. Alors c'était la recherche de la pureté, de l'authenticité, et ça lui a donné une sorte d'autorité, mais ce n'est pas une autorité personnelle, n'est-ce pas ? Alors c'est ça que je veux dire. C'est très difficile de voir comment procéder pour arriver à cette attitude.
[1:21:45] Une autorité, souveraineté. Donc en fait – comme je dis là, la maîtrise est basée sur le sens de la signification n'est pas – donc, c'est vraiment… en fait je crois, pour dire ça aussi précisément que possible, c'est essayer de comprendre le logiciel divin – la programmation divine. Et encore faut-il faire attention parce qu'elle n'est pas prévue. Alors c'est très difficile parce que… c'est difficile de me suivre parce que la spiritualité c'est un grand art, c'est difficile. Alors je vous donne un exemple pour être plus précis.
[1:22:59] On appelle ça en anglais un jigsaw puzzle. Vous avez une image faite avec des petits morceaux, des petites pièces, n'est-ce pas ? Et puis on les jette partout, n'est-ce pas ? Et maintenant il faut les rassembler pour refaire l'image. Alors on pense d'abord, à la base, il y avait une image. Et puis, alors, il y a eu le chaos. Et puis alors, il faut refaire l'image. Eh bien, ce n'est pas tout à fait ça. En fait, l'image est formée à partir du chaos, elle n'est pas préfigurée. La programmation n'est pas préfigurée, nous ne sommes pas la victime de la programmation divine. Alors, ne dites pas à Dieu: « Pourquoi est-ce que tu me fais ça? » Parce que ce n'est pas vrai.
[1:24:03] On participe non pas seulement à son destin, mais à la programmation du monde. Évidemment, je sais, ça c'est la spiritualité de l'avenir. Ce n'est pas… vous ne trouverez pas ça dans la spiritualité conventionnelle. Ça c'est nouveau. C'est la spiritualité de l'avenir. Tout va en avance, tout avance. Alors dans le domaine spirituel, on avance aussi. Pourquoi pas? Alors il y a un mot d'Ibn Arabi – évidemment Ibn Arabi c'est pas d'aujourd'hui, mais, il a dit quelque chose que Pir-o-Murshid, mon père, a dit d'une façon encore plus accentuée: c'est que pour nous créer, Dieu doit prendre en considération ce que nous désirons.
[1:25:19] Étonnant, on n'est pas la victime de la volonté divine. Maintenant, on peut dire que – faites attention, naturellement, on ne peut pas exagérer – on pourrait peut-être dire que la programmation, le logiciel, le code divin, serait comme, par exemple, un thème musical. Et puis le musicien est appelé à faire des variations sur ce thème, à condition que l'on considère, et ce n'est pas vrai dans ce cas-là, qu'on considère que ces variations enrichissent le thème. Elles sont déjà le thème dans le thème, mais elles enrichissent le thème. Alors pensez, ainsi, votre manière d'être enrichit Dieu.
[1:26:45] Il y a des pays si je disais ça on me couperait la tête, quel toupet vous pensez que vous enrichissez Dieu, mais Dieu est toute chose, n'est-ce pas? Et on pense en catégorie: Dieu, moi, ce sont de nouvelles façons de penser. Et alors, ce qui est merveilleux, c'est que ça vous donne un sens de votre signification dans le monde: que vous avez vraiment tout à faire et vous savez, vous pouvez tout faire. C'est pour ça qu'on a commencé avec une note d'espoir dans un monde qui est en défaillance, comme je dis, qui est troublé. On peut tout faire, quelles que soient les conditions. C'est-à-dire, imaginez que la vie est un jeu d'échecs, mais les pièces sont infinies. Alors si vous perdez, ça ne fait rien. Il y a toujours encore des pièces.
[1:28:05] Bien, alors, nous allons essayer de voir comment on peut, dans le domaine des sentiments, n'est-ce pas, de l'émotion, comment est-ce qu'on peut arriver à dépasser sa volonté égo pour arriver à faire intervenir cette super volonté, surtout de ne pas l'attribuer à Dieu comme autre que ce qu'on veut, mais comment faire? Alors, j'ai deux exemples mais j'avoue que je vais préparer la musique à longue haleine d'ailleurs mais, je me suis trouvé coincé par le temps. Naturellement je suis toujours en train de me débattre contre le temps. Donc, vous avez la musique là, mais c'est difficile à trouver. Ce n'est pas prévu comme j'avais prévu, malheureusement.
[1:29:12] Mais c'est là. Vous allez peut-être le trouver? C'est Furtwängler … c'est Beethoven, neuvième symphonie, dirigée par Furtwängler. C'est unique, enfin, Furtwängler, c'est la période nazie, mais finalement il s'est fâché avec Hitler. Mais enfin, c'est le maître par excellence de la force. Alors, on va comparer ça avec Bach, le Prélude des Fugues pour Orgue. Alors on voit les deux très bien définir les deux formes de volonté. Mais je m'excuse, j'aurais pu faire ce travail, mais j'étais pris au dépourvu par le temps ce matin. Je me suis levé à 6 heures mais, comme tous les jours d'ailleurs, non ? Non? Trouvez pas? Non, bon, tant pis.
[1:30:34] Alors, on fera ça cet après-midi, mais essayez de voir, vous-mêmes.
[1:30:48] Comme j'avais dit, c'est dans la solitude, lorsque … la solitude – les soufis parlent de la solitude dans le monde d'ailleurs – on peut trouver, la béatitude en plein milieu du stress. Il s'agit de voir quelle est sa motivation. Si on poursuit quelque chose pour son bien personnel, alors on ne trouvera pas la béatitude. On est toujours à l'affût de quelque chose que l'on cherche, qu'on voudrait avoir, posséder, etc. On est possédé par ce qu'on possède. Alors, peut-être le secret, pour trouver cette puissance, cette maîtrise personnelle, c'est dans la dichotomie, disons, entre intérêt et renoncement. Intérêt et renoncement. Alors, il y a tout un enseignement de Pir-o-Murshid – mon père – là-dessus.
[1:32:42] C'est-à-dire que, comme je dis, d'une part on désire s'engager dans la vie, d'autre part on est à la recherche de la liberté. Alors tout ce qu'on accomplit, tout ce qui a été accompli dans la vie est le résultat de l'intérêt, l'enthousiasme. C'est pour ça que vous faites ce que vous faites, je l'espère. Pour être créateur dans une activité, on est passionné par ce qu'on cherche. On devient perfectionniste, on voudrait faire bien.
Part of Le but de la vie : la maîtrise et la spiritualité de l’avenir